
Il y a une semaine, rien ne laissait présager la vie de président de fuyard que mène aujourd’hui Blaise Compaoré. En effet, s’il avait fait montre de réalisme en admettant qu’il ne pouvait pas aller au-delà de la volonté populaire, il serait encore le président du Burkina Faso. Il aurait continué à couler les jours heureux qui étaient les siens. Dans un an, il aurait rendu le tablier et serait sorti de tout cela, par la grande porte. Ses prétentions relatives au prix Nobel de la paix auraient même été compréhensives.
Il serait devenu le notable
Comme Kofi Annan et bien d’autres, il aurait sillonné le monde pour prêter son expertise. Avec le temps, tout le monde aurait même oublié son passé de putschiste. Il aurait espéré se racheter de la mort de Thomas Sankara et de Norbert Zongo. Il aurait pu alterner conférences et médiations, avec le respect et l’aura qui en sont à la clé. Progressivement, il serait devenu le notable que tout le monde vient consulter. Hélas !
N’étant pas fait de l’étoffe de la grandeur, il aura choisi le chemin de la bassesse et de l’humiliation. Etant d’un appétit démesuré pour le pouvoir, le voilà contraint d’écourter son mandat et de sortir de son pays en empruntant des voies détournées, comme un délinquant des bas quartiers. En réalité, il a paradoxalement fini par se rendre plus petit que certains putschistes de la région dont il a en partie scellé le sort!. C’est notamment le cas des capitaine Dadis et Sanogo.
Il n'est plus à l'abri de poursuites judiciaires
Les seuls dirigeants africains auxquels on peut aujourd’hui comparer le déchu Blaise, c’est Hissène Habré, Ben Ali ou encore Hosni Moubarak. Comme chacun d’eux, son peuple en avait marre de lui. Les siens ne supportaient plus son entêtement et son aveuglement vis-à-vis du pouvoir. Il a d’autant plus "bêtement"agi, qu’il n’est plus à l’abri de poursuites judiciaires. Délesté de son pouvoir et de ses privilèges, et réduit à sa plus petite expression, le côté sombre de son magistère pourrait intéresser les instances judiciaires qui le savaient inaccessibles quand il était le maître incontesté de Kosyam.
Certes, comme Hissène Habré, il pourrait toujours trouver des complices susceptibles de le protéger. Mais il devrait désormais se préparer à entendre son nom vilipendé sur tous les médias. C’est cela aussi la rançon du goût immodéré qu’il avait pour le pouvoir. Il a raté la sortie et en récoltera forcément les fruits amers.
On va redescendre dans la rue !
Malheureusement, il n’est pas le seul en payer le prix fort. Il pourrait en effet entraîner son pays dans son sillage. N’ayant visiblement jamais envisagé sa propre finitude et ne s’étant, par conséquent, pas préoccupé de préparer sa succession, il laisse le Burkina Faso en pleine tempête. Les différents camps de l’armée dont on craignait le choc frontal, sont en train de recoller les morceaux, mais les risques ne sont pas écartés pour autant, car la société civile et les leaders politiques, véritables architectes de la révolution, n’entendent pas se laisser voler la victoire. Alors, on va redescendre dans la rue !
Ainsi, l’accalmie relative que le pays a connue les derniers jours pourrait s’apparenter à une mi-temps qui préfigure de l’implosion tant redoutée. Tout en croisant les doigts pour qu’une telle perspective ne se produise pas, on ne peut s’empêcher de relever que ce risque-là aussi; est un résultat de la boulimie du pouvoir de Blaise Compaoré.
Fodé Kalia KAMARA pour GuineeConakry.info
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