
En effet, le mardi dernier, Laurent Fabius annonçait que très prochainement des soldats européens seraient aux côtés des troupes françaises en Centrafrique. Mais aujourd’hui encore, on a de la peine à se faire une idée des pays dont parlait le chef de la diplomatie française. Parce qu’en réalité, seule la Belgique s’est jusqu’à maintenant clairement prononcée dessus. Sauf que là aussi, il ne s’agirait que d’un éventuel envoi de 150 soldats dont la mission, précise-t-on, serait de sécuriser l’aéroport de Bangui! Pour les autres membres de l’UE, on semble se gêner de désavouer publiquement le patron du Quai d’Orsay. Mais en off, beaucoup disent clairement qu’il n’est pas question d’envoyer des troupes en Centrafrique.
Du coup, la France essaie subtilement de mettre cet aspect des choses de côté. Le sujet que François Hollande souhaite évoquer ce vendredi au sommet européen de Bruxelles, c’est plutôt le financement de l’opération. En clair, la France voudrait trouver des partenaires pour l’aider à supporter l’effort de guerre. Mais là aussi, c’est loin d’être gagné.
D’abord parce qu’en raison d’une sortie plutôt lente de la crise, beaucoup de pays européens sont encore dans des programmes d’austérité qui ne laissent pas assez de place aux dépenses, fussent-elles, humanitaires. Par ailleurs, même si la France se montrait convaincante au point de faire admettre son projet de Fonds européen des opérations extérieures, celui-ci ne pourrait être concrétisé au mieux que dans le second semestre de l’année qui pointe. En fait, certains responsables européens semblent reprocher à Paris d’avoir mis la charrue avant les bœufs, en lançant l’opération avant de requérir leur soutien.
Comme on le voit donc, bien malgré elle, la France risque de demeurer seule ou presque dans la crise en Centrafrique. Or, comme l’attestent les événements d’hier dans le quartier banguissois de Gobongo, le défi sécuritaire est encore titanesque.
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info
Crédits Photo: Paris Match