
Des faits incontestables !
Une attitude qui, de la part des autorités, est plutôt compréhensible. En effet, contrairement aux visites du même genre que le leader de l’UFR avait précédemment reçues, celle du mardi ne souffre d’aucun doute. Les journalistes qui s’étaient rendus sur place témoignent avoir, eux-mêmes, aperçu les indésirables visiteurs. Quelques militants de l’UFR qui sont venus au secours, admettent également que des agents de sécurité étaient bel et bien dans les environs du domicile de l’ancien premier ministre. Quelques-uns de ces militants ont même eu des échanges houleux avec lesdits agents.
Aussi, est-il est vain de vouloir mettre en doute cette réalité factuelle. Et c’est ce qui fait qu’à l’exception plutôt notable de Cellou Dalein Diallo, la plupart des acteurs politiques ont exprimé leur soutien et leur solidarité à Sidya Touré. Y compris la mouvance présidentielle qui a favorablement accueilli la requête des deux autres groupes parlementaires de l’opposition, allant dans le sens de la saisie du ministre de la sécurité pour des explications.
Le gouvernement dans l’embarras
Devant le caractère irréfutable des faits, le gouvernement opte pour le silence ou l'indifférence. Manifestement surpris par une démarche qu’ils n’auraient probablement pas cautionnée, beaucoup de ministres notamment préfèrent ignorer les appels des journalistes. Une "fuite" que l’on peut comprendre quand on imagine le caractère délicat de la position dans laquelle ils se mettraient, s’ils prennent le risque de décrocher. D’une part, il leur serait très difficile de critiquer un acte à propos duquel les soupçons sont essentiellement orientés vers le gouvernement auquel ils appartiennent. De l’autre, ils se ridiculiseraient en niant le fait que des agents non identifiés aient été effectivement aperçus dans les environs de la résidence privée de Sidya Touré.
Certes, à l’image d’Abdoul Kabélé Camara, il y en a qui ont osé nier. Mais les membres de ce groupe bâtissent leur argumentaire sur des principes. Ils ne réfutent pas nécessairement le fait que des militaires se soient rendus chez Sidya Touré; ils se fondent plutôt sur les règles et principes qui régissent l’armée, la gendarmerie et la police pour déduire que les faits, tels qu’allégués, ne sont pas possibles.
Des éléments troublants
Sur la présence des agents à la minière, il y a toutefois des éléments quelque peu troublants. On se demande notamment pourquoi des agents qui, à priori, devraient opérer le plus discrètement possible, peuvent-ils prendre le risque de circuler avec des véhicules estampillés ‘’forces spéciales’’ ? Plus troublant encore ? C’est le fait qu’un des agents aurait fièrement déclaré qu’ils sont de la présidence de la République. Aurait-il péché par un excès de suffisance ? Serait-ce simplement une bourde ? Ou bien cherchait-il consciemment à diriger les soupçons vers la présidence de la République ?
En quoi le Mali est-il ''petit'' ?
En attendant d’avoir la réponse à ces quelques questions, il importe de relever que les agents dont il est question et leurs éventuels commanditaires ont paradoxalement rendu un grand service à Sidya Touré. Ils lui ont donné une tribune dont il avait besoin. En concentrant l’attention médiatique et en monopolisant l’actualité, comme c’était le cas ce mercredi, le leader de l’UFR fait un pas supplémentaire vers son ambition d’incarner les chances de l’opposition face à Alpha Condé. Un buzz pour lequel on aurait pu lui adresser des félicitations, pour l’effort de capitalisation du malheureux incident, s’il n’avait pas, lui-même, commis l’erreur d’inviter ses collègues de l’opposition à imiter Alpha Condé, dans la violation de la déclaration d’urgence sanitaire!
Pour un leader qui entend incarner l’alternative face à Alpha Condé, ce n’est certainement pas la menace qu’il fallait brandir. De même, on peut bien se demander sur quoi se fonde le président de l’UFR pour trouver que le ‘’Mali est petit.’’
Boubacar Sanso BARRY pour GCI