DROITS DE L'HOMME: Une Commission Nationale, c’est bien mais…

Le jeudi 17 mars 2011, les médias d’Etat ont rendu public une série de décrets du président de la République relatifs à la mise sur pied d’une Commission nationale des Droits de l’homme. On en apprend entre autres que cette structure aura pour rôle de veiller au respect des droits de l’homme en Guinée. Parmi ses attributions, figure aussi l’élaboration de rapports sur la situation des Droits de l’homme à adresser au gouvernement...

La CNDH a aussi la latitude de coopérer avec l’organisation des Nations unies et les organismes similaires sur les droits de l’homme. A la différence des autres structures du genre évoluant sur le terrain, la Commission nationale des Droits de l’homme pourra compter sur la bienveillance de l’Etat et sera intimement associée aux travaux d’élaboration des programmes d’éducation.

On a l’impression que le Pr. Alpha Condé n’a pas trainé les pas, au sujet des promesses faites à la haut commissaire des Nations Unies, en charge des droits de l’homme qui vient à peine de quitter Conakry. On rappellera que récemment, en recevant la diplomate sud-africaine des Nations Unies, le chef de la diplomatie guinéenne, Dr. Niankoye Lamah, s’exprimant au nom du président de la République, s’était engagé en faveur de la promotion d’un Etat de droit.

L’annonce de la création de cette commission sonne alors comme une réponse concrète et immédiate aux requêtes que Navy Pillay avait formulées auprès des autorités guinéennes. Il semble aussi que la mise sur place d’une telle institution répond à un besoin de respect de dispositions constitutionnelles. En soi, c’est donc une bonne chose, dans le principe.

Mais en ce qui concerne son lien supposé ou réel avec le pouvoir, ce n’est guère rassurant quant à la nécessaire indépendance qui doit caractériser une telle institution.

N’aurait-on pas mieux fait de renforcer la capacité opérationnelle des organismes de promotion et de défense des droits humains déjà évoluant sur le terrain ?

Parce qu’on se demande notamment comment cette institution pourra-t-elle accomplir sa noble mission, si son fonctionnement dépend des subsides que lui verse l’Etat ?

La préoccupation est d’autant plus légitime que la Commission nationale des Droits de l’homme pourrait être amenée à épingler certains membres de l’Etat qui  demeure son principal son bailleur.

Finalement, on a l’impression que le bon travail que pourrait accomplir la CNDH, dépendra essentiellement de la détermination individuelle et collective de ceux qui seront appelés à faire fonctionner l’institution. S’ils sont des défenseurs des droits humains convaincus, et si leur venue sur le terrain des droits humains trouve essentiellement son fondement dans une vocation intime et profonde, ils seront en mesure de tenir tête à n’importe qui.

Si ce n’est pas le cas, penser que cette institution réussira à faire émerger la cause des droits humains en Guinée, ne sera qu'illusion. De ce fait, elle viendrait s’ajouter à la longue liste de ces institutions qui sont parées de nobles ambitions mais qui, parce qu’elles sont inféodées à l’Etat, ne sont que des coquilles vides. Il faut prier pour que ce ne soit pas le cas.

Il faut préciser que Monsieur Mamady Kaba, qui était jusqu’ici à la tête de la branche guinéenne de la Rencontre Africaine pour la Défense des droits de l’Homme (RADHO), a été désigné président de la CNDH.

Salématou Diallo pour GuineeConakry.info

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