GRANDE INTERVIEW CROISEE GCI: Takana Zion et Elie Kamano, enfin réconciliés

Leur "brouille" avait fait les choux gras de la presse. A cause d'eux, les jeunes s'étaient divisés et des clans ennemis s'étaient formés, chacun jurant que son "grand" était le plus fort et que "naturellement, c'est lui qui avait raison". Les joutes verbales se répandaient sur les ondes des radios privées de la place, en propos suffisants ou provocateurs. Takana Zion et Elie Kamano, tous deux, grands et talentueux reggae men guinéens étaient devenus des frères ennemis qui s'invectivaient par chansons interposées. A force de tirer chacun sur la corde, la tension montait et tout cela devenait insupportable. Heureusement que finalement, les deux "hip-hopeurs", ont fini par se retrouver, s'expliquer en tête-à-tête, et décider de repartir dans un puissant esprit de fraternité éprouvée et redynamisée. Les deux nouveaux amis se sont rendus à la rédaction de GuineeConakry.info, où ils ont bien voulu se prêter aux questions de notre collègue Tabassy Baro. Un jeu de questions-réponses édifiant... 22:57 11-12-2013

GuineeConakry.info : M. Eli Kamano, pouvez-vous nous expliquer les motifs essentiels de votre réconciliation avec votre  frère Takana Zion?

Eli Kamano : Je crois que les raisons sont très simples. Vous savez, c’est vrai  qu’il y a des divergences sur beaucoup de points, mais quand il s’agit   de mettre l’intérêt supérieur d’une nation au devant des choses, je crois qu’on doit se mettre ensemble. Ce n’est pas la première tentative, nous avions essayé dans le passé, mais comme on l’a toujours dit, il y avait des gens  de part et d’autre, qui ne voulaient pas que ce soit une réalité. De façon sincère, que ce soit réalisé, mais aujourd’hui, nous avons compris nous deux, sans l’appui de qui que ce soit, que la paix était d’abord à l’avantage de cette jeunesse que nous avons divisée, sans nous en rendre compte. Sans même nous rendre compte de l’impact que nous avons sur la jeunesse guinéenne aujourd’hui, et de l’impact que notre musique a sur elle. Parce qu’aujourd’hui, si les gens parlent de Takana Zion d’un côté, et d’Elie Kamano de l’autre, c’est par rapport à ce que nous faisons, à nos œuvres, et dans ces œuvres-là, on parle de paix, d’unité, et c’est pas compatible que nous parlions de paix , dans nos œuvre et que nous-mêmes nous soyons divisés. C’est la raison qui nous a conduits aujourd’hui à nous donner les mains de façon très sincère. Et je me rends compte aujourd’hui que Takana Zion et Elie Kamano, on n’est pas méchant, on n’a pas de haine l’un contre l’autre, chacun de nous a du respect pour le travail de l’autre. Il  y avait tout simplement une incompréhension, peut-être philosophique ou idéologique, mais on a fait table rase de tout ça, et on se donne les mains pour l’intérêt de la nation et l’intérêt de la jeunesse.

GCI : La même question à Takana Zion, comment la réconciliation s’est-elle faite ?

Takana Zion :  C’est venu tout naturellement. Comme le frère Eli l’a expliqué. Une première fois, je suis allé vers lui, c’était à la pharmacie « la Confiance » à Matoto. On est allé chez lui, on a parlé, on a essayé de  faire des choses, mais partout dans le monde, il existe des forces qui ne veulent pas que les frères s’entendent, qu’ils soient ensemble. Mais il  est mentionné dans le Coran, dans la Bible, qu’il est beau et agréable que les frères soient ensemble; Eli Kamano est un artiste, moi Takana Zion je suis un artiste, donc nous faisons le même corps. Donc au-delà de nos divergences d’idées, nos divergences philosophiques, on a décidé de se donner les mains pour donner un meilleur exemple à la jeunesse guinéenne, car nous nous souhaitons que l’opposition guinéenne et le gouvernement se donnent la main. Donc on ne peut pas venir avec ce message, si nous-mêmes nous ne nous entendons pas. On a donc décidé de pousser nos pères, nos mères, nos frères et nos sœurs à faire autant pour que la Guinée soit un pays béni.  Car ça fait trop longtemps que nous sommes en train de perdre du temps.  On doit prendre nos responsabilités en tant que leaders d’opinion, c’est dans ce cadre que  le frère Elie Kamano et moi-même, nous nous sommes donné la main pour monter un projet sur l’unité nationale et la paix, afin de parcourir toutes les régions naturelles de la Guinée et donner ce message de paix et d’unité à toutes les filles et tous les fils de Guinée.

Pour réaliser un tel projet, nous avons besoin du soutien de tout le monde, tout le peuple de Guinée. Du pouvoir, de l’opposition; nous avons  adressé une lettre à Monsieur le Président de la République, nous avons déjà rencontré les leaders de l’opposition tels que M. Cellou Dalein Diallo, M. Sydia Touré. Nous allons les rencontrer tous en présence des caméras, des journalistes pour les informer du projet que nous voulons réaliser en Guinée, par rapport à la paix l’unité nationale, et interpeller leurs consciences par rapport à tout ce qui se passe en Guinée :  l’insécurité grandissante, la violence, la haine dans le cœur des Guinéens , le repli identitaire, du fait que les Guinéens ne se reconnaissent plus à leur pays, mais à leurs ethnies, ça c’est dangereux ! Dieu aime la diversité, il est unique mais il a créé la diversité. Nous devons tous nous retrouver dans cette diversité, c’est la variété des couleurs d’un tapis qui fait sa beauté, un grand penseur a dit cela !

GCI : Vous dites que vous vous êtes rencontrés  dans une pharmacie, donc vous étiez malade, c’était pour vous soigner ?

Takana Zion : Non pas du tout, on n’était pas malade. J’ai mentionné le nom de la pharmacie,  car elle s’appelle ‘’la Confiance ‘’ . On  s’est rencontré à cet endroit, par hasard et j’avais appris qu’il était trop remonté contre moi, par rapport à mon intervention lors du 2ème tour des élections présidentielles. Quand j’ai su ça et que je l’ai écouté, je me suis dit que c’est pas normal, que c’est un frère artiste, s’il est sincère comme ça, j’ai besoin de lui parler, car moi j’aime ce qui est sincère, que ce soit bon ou mauvais. Quand on dit ce qui est sincère, j’apprécie ça, donc j’ai vu que Elie Kamano est un frère qui est sincère, et j’ai compris ça, et je suis allé vers lui, et lui aussi m’a bien reçu. Il y a sa  sœur qui était présente, on a parlé des différents raisons qui pouvaient amener des artistes à être opposés et ensuite, on a essayé de monter des projets ensemble.

Même  s’il y a des gens qui banalisent notre unité, bien sûr que notre unité n’est pas indispensable au progrès ou au développement de la Guinée, mais ça peut l’être aussi si Dieu le veut, pour le réveil des consciences d’un certain nombres de jeunes. Et comme vous le  savez tous, les jeunes ils sont au centre du combat politique, même s’ils s’en rendent pas compte; les jeunes, il sont souvent utilisés. Quand ils sortent dans la rue, il perdent leurs vie,  tu vois les mamans qui pleurent, souvent les politiciens pour lesquels il militent n’en sont même pas conscients ! J’ai pitié quoi, donc nous nous sommes des leaders des jeunes, sans aucune prétention, on se dit en temps que citoyens guinéens, on peut apporter notre contribution à ce qu’il y ait la paix en Guinée, à ce que les gens se comprennent, à ce qu’il n’y ait pas de violence en Guinée. Par ce que l’amour est la force créatrice universelle ; je pense que tout artiste, même si tu es « bad », même si tu es mauvais, mais au moment où tu composes, tu te mets dans un état d’esprit d’amour, de joie et de bonheur pour tous. Voilà notre message.

Propos recueillis par Tabassy Baro pour GuineeConakry.info

Crédits photo: GCI/Tabassy Baro

Recherche

Suivez-nous

GUINEE: Petit KANDIA "Birin Moulan"



  • Le célèbre chroniqueur est au cœur d’un bras de fer avec Mamadou Blaise Sangaré, conseiller spécial du Chef de l'Etat. Votre site avait relayé cette affaire portant sur des propos diffamatoires attribués à Ras Bath. Ce début de semaine mettra aux pr

Annonce