JOURNAL GNOUMA: L'avortement en question

Encore tabou chez nous, l'avortement est l'une des causes de mortalité chez les adolescents. Notre spécialiste apporte quelques claircissements sur cedélicat sujet qui continue à faire couler beaucoup d'encre et de salive.   L'avortement est l'action qui consiste à upprimer un foetus avant son terme. L'article 306 du code pénal stipule que l'avortement consiste à...

...employer des moyens ou substances destinés à provoquer l'expulsion prématurée du foetus ou, plus généralement l'interruption artificielle de la grossesse.

 

Bien entendu, i s'agit là de l'interruption volontaire de la grossesse (IVG) encore appelé avortement provoqué, qui est différent de l'avortement spontané ou fausse couche, indépendant de la volonté de la femme.

 

Face au concept d'avortement, les positions sont

partagées. Il y a ceux qui pensent que l'avortement est un acte grave à la limite de l'homicide. leur devise est que la vie n'appartient qu'à Dieu et que les hommes en reçoivent le précieux dépôt. Pour eux l'avortement est purement ou simplement proscrit.

 

C'est cette position d'illégalité de l'avortement

qu'adopte la législation guinéenne à l'instar de

nombreux pays africains. L'article 307 du code pénal prévoit une peine de 1 à 2 ans et une amende de 50.000 à 400.000 FG pour toute personne qui, par des aliments, breuvages, médicaments, manoeuvres, violences ou tout autre moyen, aura tenté de provoquer 'avortement d'une femme enceinte ou même supposée enceinte, quelle ait consenti ou non.

 

Les exceptions prévues par l'article suscité sont:

l'avortement nécissitant la sauvegarde de la vie de la mère gravement menacée ou l'affection grave de l'enfant à naître, les cas de grossesses issues de viol ou d'inceste.

 

Le législateur a réprimé même la tentative d'avortement, et tout professionnel de santé qui

aurait souscrit à un avortement, sera réprimé en plus de la peine citée ci-haut. Il écopera 5 ans au moins d'incapacité absolue de l'exercice de sa profession. Mais le paradoxe est que l'avortement est à la fois condamné et fortement pratiqué.

 

D'autres estiment que ces restrictions ne conduisent nullement à une diminution du nombre d'avortements, mais au contraire elles ont pour conséquences que les avortements s'effectuent par des personnes non qualifiées. Ce qui fait que des femmes souffrant de complications n'osent pas se faire traiter; et que

souvent un délai assez long s'écoule jusqu'à ce que les victimes trouvent enfin la possibilité d'avorter.

 

Cet état de fait qui survient généralement

tardivement, amène souvent des complications pouvant se solder par un décès. Donc les avortements pratiqués dans la clandestinité et par des non-professionnels, mettent en danger la vie et la santé de la femme.

 

En 2004, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a estimé que près de 50 millions d'avortements sont pratiqués dans le monde entier chaque année; et que plus du tiers d'entre eux sont des avotements illégaux; et près de la moitié de ces avortements ont lieu en dehors de tout système de santé adéquat.

 

L'OMS estime que ces avortements clandestins tuent 80.000 femmes et en mutilent ou rendent stériles des centaines de milliers d'autres.

 

En Afrique, 5 millions de femmes avortent le plus

souvent dans des conditions déplorables et

dangereuses. Dans les cliniques urbaines, deux lits sur trois sont occupés par des femmes victimes de complications d'un avortement raté.

 

Malgré tout ce qu'on peut dire de l'avortement un fait demeure: il a toujours existé et existera toujours. En rendant l'interruption volontaire de la grossesse illégale et criminelle, les femmes vont continuer de provoquer leur "fausse couche". Le résultat: elles se feront toujours hospitaliser pour des hémorragies ou toutes autres conséquences de ces avortements clandestins. Ces conséquences incalculables de l'avortement clandestin démontrent clairement qu'il

doit être reconnu à toutes les femmes le droit de se faire avorter. Ce qui leur permettrait de bénéficier d'un service de santé essentiel.

 

L'idéal serait d'informer sur la prévention des

grossesses indésirées. Car il est important de

souligner que la cause fondamentale de l'avortement consiste en une protection inefficace. Chez nous en Afrique, le problème de l'éducation sexuelle reste entier. Le sexe reste un sujet tabou. A la maison, les parents éprouvent de réelles difficultés à parler de sexualité à leurs enfants. Et les jeunes filles qui essaient de s'informer sur le planning, sont regardées

avec désapprobation. D'ailleurs elles n'osent pas

fréquenter les services de santé maternelle de peur d'y rencontrer un parent.

 

Une autre cause des avortements est d'ordre

économique. Les filles tombent enceintes de jeunes gens sans emploi qui ne pourront donc pas soutenir un éventuel bébé. Elles peuvent par besoin d'argent, sortir avec des adultes, et lorsque survient une grossesse, elles sont obligées de pratiquer l'avortement parce qu'elles sont enceintes d'hommes mariés. Ces derniers leur demandent d'avorter, car ils n'aiment pas reconnaître un enfant né hors foyer conjugal.

 

Il y a également d'autres causes comme: l'avortement par hédonisme (faire du plaisir le principe ou le but de la vie, ne pas souhaiter procréer pour ne pas gêné par l'éducation d'un enfant), exigence de la vie professionnelle... ces causes sont beaucoup plus fréquentes dans les sociétés occidentales.

 

Enfin il faut reconnaître que chaque femme qui avorte, le vit de façon différente: culpabilité, tristesse, peur, colère, honte, apaisement, liberté,...Il peut arriver aussi que plusieurs émotions coexistent, ce qui rend la situation encore difficile. Souvent il est fréquent que s'installe un sentiment de vide intérieur,relié à la perte de l'embryon, de la grossesse, de la maternité, etc.

 

Même après une décision mûrement réflechie, nombreuses sont les femmes qui ressentent une forte culpabilité après avoir avorté. Une situation qui découle de valeurs bien ancrées, souvent véhiculées par la réligion, l'éducation parentale et la société. Ces femmes restent marquées par l'avortement et portent en silence leur secret de même que les séquelles durant ds années, sinon toute leur vie.

 

C'est pourquoi pour ne pas vivre tous ces sentiments, il serait vraiment opportun de penser à la prévention, à la sensibilisation et à l'éducation.

 

Car n'est-il pas parfois préférable pour un bébé de ne pas naître que de naître no désiré et de se retrouver dans une poubelle...? Là est toute la question.

 

Une Synthese du Journal GNOUMA de Guinée

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