
C’est après la publication d’un rapport conjoint et détaillé par des ONG de défense des droits humains que le gouvernement guinéen a pris la mesure de la gravité de la situation.
Ces odieux événements révèlent, un peu plus, la généralisation et la profondeur de l’attitude ethnique des leaders politiques guinéens. En effet, dans ce rapport, témoignages et photos à l’appui, les auteurs s’étaient évertués à rendre fidèlement compte de la violence avec laquelle les forces de l’ordre s’étaient sévis à Zogota. Du coup, le gouvernement a commencé à multiplier les gestes dits d’apaisement. A ce rapport des plus accablants se sont aussitôt ajoutées les condamnations unanimes de tous les défenseurs des droits humains.
Dos au mur, le gouvernement a alors commencé à multiplier les gestes dits "d’apaisement". Ça a tout d’abord commencé par un communiqué de la présidence de la République dans lequel les mesures essentielles étaient: l’annonce de l’ouverture d’une enquête et l’audition du préfet de N’Zérékoré. Mais face à la déferlante des condamnations qui se succédaient les unes aux autre, le gouvernement a cru bon de dépêcher sur place une mission de très haut niveau pour calmer les parents des victimes.
Et c’est à ce niveau qu’on s’est plutôt mal pris. D’abord, il y a le fait que tous les membres de la délégation en question soient originaires de la Forêt. En soi, cela signifie que du point de vue des autorités, les tueries de Zogota sont foncièrement ethniques. Une approche plutôt dangereuse. Ensuite, selon les informations, la délégation en question serait allée avec un montant estimé à 300 millions de GNF. Ce geste semble vouloir dire que les autorités semblent s’exonérer de leurs responsabilités à coup de billets de francs guinéens. A Zogota, la délégation peine à convaincre. Les villageois ont leurs exigences et n'en démordent point.
Par ailleurs, on se demande pourquoi le président Alpha Condé en personne ou dans le pire des cas, son premier ministre n’ait pas conduit la délégation. Politiquement, cela aurait signifié une plus grande prise en compte du drame. Un tel déplacement aurait certainement eu plus d’impact sociopolitique que certains voyages que le chef de l’Etat effectue à l’international.
Mais comme on le disait, le gouvernement n’est pas le seul qui ait mal communiqué par rapport à ce drame. Dans les rangs de l’opposition aussi, on est demeuré fondamentalement communautariste. Les plus virulentes des condamnations sont ainsi venues des ressortissants de la région forestière.
On a ainsi entendu Jean-Marie Doré, Faya Millimono, Etienne Soropogui, Papa Koly Kourouma, Daniel Kolié, Keamou Bogola Haba, etc. Dans la même veine, on annonce le désir d’une organisation de jeunes ressortissants de la Forêt de manifester à Conakry le 21 août prochain. Par contre, Cellou Dalein Diallo qui, quasiment deux ans après, n’arrive pas encore à digérer les événements de Ratoma et de la Moyenne Guinée, est resté curieusement quasi silencieux.
Il en est de même de Mouctar Diallo, de Sidya Touré, d’Aboubacar Sylla et de Lansana Kouyaté, entre autres. Le Collectif et l’ADP se sont à peine contentés d’un communiqué des plus laconiques. Une telle attitude à ceci de dangereux, que plus que tous les discours, elle est révélatrice des tendances hautement ethno-communautaristes des acteurs politiques guinéens.
Tous autant qu’ils sont. A l’exception paradoxalement notable de Bah Oury. Qui depuis Paris, s'est fait entendre.
Maïmouna Fofana pour GuineeConakry.info