MOHAMED VI AU MALI: Les ambitions africaines du Maroc

Même s’il y a 30 ans depuis que le Maroc a officiellement cessé de prendre part aux sommets et aux activités de l’Union Africaine (ancienne OUA), le royaume chérifien demeure intéressé par les opportunités qui lui sont offertes par sa coopération bilatérale avec les pays de l’Afrique au sud du Sahara. Ayant relativement réussi à émerger du point de vue économique, le Maroc voudrait surtout mettre à profit le vide laissé par la chute du Guide libyen Mouammar Kadhafi, pour se tailler un statut de puissance régionale.

 Ainsi, il pourra un peu plus supporter sa rivalité historique avec l’Algérie voisine. Justement, cette guerre insidieuse que se livrent les deux pays à propos du Sahara occidental, est de beaucoup dans l’étape malienne du périple de Mohamed VI.

En effet, après avoir écarté la diplomatie burkinabé du processus de dialogue inter-malien, l’Algérie est, elle-même, sur le point de se voir évincer par le Maroc. Mais visant plus haut, ce dernier ne voudrait surtout pas se contenter du Mali seul comme sphère d’influence. Et c’est pourquoi en plus du pays d’Ibrahim Boubacar Keïta, le roi du Maroc se rendra successivement en Guinée, en Côte d’Ivoire et au Gabon.

Ce déplacement de Mohamed VI s’inscrit donc dans le cadre d’une diplomatie qui se veut ouvertement expansionniste. Après avoir travaillé à l’atteinte d’un certain nombre d’objectifs relatifs au développement interne, les Marocains se rêvent désormais en puissance régionale. Pour cela, ils se sont dit qu’il leur faut, à l’image des autres puissances, disposer de leur propre zone d’influence. Il ne faut cependant pas penser que cette visée expansionniste de la part du Maroc date d’aujourd’hui. C’est en réalité elle qui sous-tend tout le travail qui a été fait pour donner du royaume chérifien l’image qui séduit tant les 8000 étudiants africains qui y font leurs études, ainsi que les nombreuses personnalités qui vont se consulter dans les hôpitaux du Maroc. C’est dire qu’il y a longtemps que les autorités marocaines y travaillent, en toute subtilité.

Une diplomatie plus ouverte

Et maintenant qu’ils estiment qu’il est temps de passer à l’offensive, les diplomates marocains mettent le paquet pour séduire du monde. C’est ainsi qu’il entend venir à bout des nationalistes les plus tenaces. Aussi, la forte délégation conduite à l’occasion par Mohamed VI, est composée de cadres de l’administration marocaine et de chefs d’entreprises évoluant dans divers secteurs : éducation, santé, habitat, transport, téléphonie, finance, banque, etc. Mohamed VI s’approprie décidément la démarche de Mouammar Kadhafi, en voulant ainsi ratisser large. Pour mettre toute les chances de son côté, le roi s’offrira même quelques excursions touristiques.

Il est cependant à préciser qu’au-delà de l’objectif global qui a trait, comme on l’a dit plus haut, aux ambitions de puissance du royaume chérifien, ce périple de Mohamed VI s’inscrit surtout dans la logique de la rivalité entre le Maroc et l’Algérie. D’ailleurs, si le Maroc se rêve grand, c’est d’abord vis-à-vis de son voisin algérien. C’est pourquoi l’étape malienne représente l’une des plus importantes de ce long périple. C’est que le Maroc voudrait y supplanter l’Algérie. Tout d’abord en se présentant comme le médiateur le plus crédible et le plus efficace.

Une tournée avec l'onction de l'occident

Le déplacement que le leader du MNLA, Bilal Ag chérif, a effectué au Maroc à la fin du mois de janvier dernier n’a, de ce point de vue, rien d’anodin. De même, pour contrer l’islamisme radical, le Maroc, connu pour le caractère modéré de son Islam, entend former des Imams maliens. Et pour couronner le tout, le royaume chérifien compte réaliser de gros investissements devant participer à la reconstruction du Mali.

Naturellement, pour s’offrir le luxe d’une telle audace, les autorités marocaines ont dû bénéficier de l’onction, ne serait-ce que tacite, de Paris et de Washington. Il est vrai qu’en occident aussi, on ne voit pas d’un mauvais œil la montée d’une puissance régionale qui permettrait aux Algériens de mettre « un peu d’eau dans leur vin ». Surtout avec les inconnues liées à la maladie du président Boutéflika.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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