
« A l’ouest du pays, à Bouar, notre équipe a été témoin de tentatives clairement destinées à fomenter la peur et la méfiance entre les communautés religieuses, et de l’implication présumée d’éléments armés issus des pays voisins. Nous avons aussi reçu des rapports selon lesquels les forces ex-Séléka ont distribué des armes à la population civile musulmane », a-t-elle ajouté.
« Ces développements sont extrêmement inquiétants et devraient sonner l’alarme partout dans le monde pour que des efforts durables et urgents soient entrepris afin d’empêcher la République centrafricaine de plonger dans un désastre. »
Bouar a été le théâtre d’un massacre de civils par des forces ex-Séléka le 26 octobre 2013, avec au moins 18 morts et de nombreux blessés. Depuis, il y a eu un certain nombre de rapports faisant état de représailles par des groupes anti-Balaka.
L’équipe des droits de l’homme des Nations Unies a aussi reçu des rapports d’attaques, de représailles et de contre-représailles à Bohong, à 75 kilomètres de Bouar dans la Préfecture de Ouham Pende, qui ont fait de nombreux morts. Au cours des dix derniers jours, au moins 12 musulmans auraient été lynchés à Bangui. L’équipe examine des rapports faisant état d’attaques continues et d’abus commis à Boganangone, à 210 kilomètres à l’ouest de Bangui, par un violent colonel ex-Séléka. L’équipe est actuellement en visite à Bossangoa, à 400 kilomètres au nord-ouest de Bangui.
La Haut-Commissaire a averti que les différences religieuses étaient manipulées par des dirigeants politiques, avec des conséquences mortelles.
« Trop souvent dans l’histoire, nous avons vu la manipulation politique des différences religieuses et ethniques entraîner d’horribles violations et des dommages durables sur le tissu social d’un pays », a averti Navi Pillay. « J’exhorte les dirigeants aux niveaux national et local en République centrafricaine à cesser d’attiser la violence sur la base de la religion. »
La Haut-Commissaire a souligné les efforts louables de l’archevêque de la République centrafricaine Dieudonné Nzapalainga, du pasteur Nicolas Guerekoyame, et de l’Imam Omar Kobina Layama, pour diffuser un message de paix entre communautés.
« L’archevêque, le pasteur et l’imam ont fait preuve d’un important leadership à un moment où il est ressenti comme particulièrement nécessaire par leurs disciples, et ils ont réussi, avec un certain succès, à atténuer les tensions entre les communautés », a-t-elle dit.
« Nous avons vu de jeunes musulmans protéger des églises de leur propre initiative, et des églises servir de refuge aux personnes déplacées, indépendamment de leur origine religieuse. Ces développements sont très encourageants et je demande à tous les dirigeants religieux et communautaires de redoubler d’efforts pour veiller à ce que des communautés entières ne soient pas dénigrées dans le cycle dangereux de violence et de représailles dont nous sommes les témoins. »
Les dirigeants chrétiens et musulmans dans d’autres villes, y compris à Bouar, ont également tenu des réunions conjointes et travaillent ensemble pour diffuser des messages de tolérance auprès de la population civile.
La Haut-Commissaire a également exhorté toutes les parties à se rassembler pour résoudre la situation du pays par le dialogue.
« La seule façon d’empêcher des souffrances à grande échelle dans le pays est que toutes les parties renoncent à la violence et aillent de l’avant grâce à un dialogue constructif », a déclaré Navi Pillay.
« La communauté internationale doit également donner la priorité au désarmement de toutes les parties et au fait que les auteurs de graves violations des droits de l’homme rendent des comptes. La mise en place d’une commission d’enquête devrait envoyer un message fort aux auteurs de violations que la communauté internationale est déterminée à leur faire rendre des comptes. »
SOURCE: United Nations – Office of the UN High Commissioner for Human Rights (OHCHR)