
Réconfort pour le courage et la persévérance d’un jeune accablé par le sort, mais qui a su surmonter son handicap pour acquérir une certaine indépendance. Sans l’exprimer dans la salle, j’étais fier de voir quelqu’un comme moi figurer parmi les meilleurs de la corporation.
La consécration de Boubacar Sanso m’offre aujourd’hui l’opportunité de m’exprimer sur la situation des personnes handicapées vivant chez nous. Comme Sanso, je suis victime de poliomyélite depuis mon jeune âge.
Selon ma grand-mère maternelle (paix à son âme), qui m’a relaté mon enfance, j’ai contracté la maladie au pied droit à l’âge de cinq ans, après avoir normalement marché. La superstition aidant, la famille a été informée de la présence d’un guérisseur à Séguéya vers le "Voile de la mariée" à Kindia. Pour y aller, ma mère et moi avions emprunté un transport en commun. Manque de pot, un grave accident survint avec plusieurs morts. Nous (ma mère et moi) seuls rescapés, nous nous sommes retrouvés avec une fracture du bassin pour elle, et une fracture des deux pieds pour moi.
A quelque chose malheur est..., dit-on. J’ai eu la "chance" d’être évacué à Paris, à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, où j’ai séjourné jusqu’en 1962. Comme Sanso, à force de ténacité et grâce au constant soutien de mes parents, j’ai pu étudier et avoir une "situation".
Le cas de Sanso devrait aujourd’hui servir de déclic aux autorités de la place pour se pencher un peu plus sur la situation des personnes handicapées. En dépit du fait que notre pays a ratifié toutes les conventions relatives aux personnes handicapées, beaucoup reste encore à faire pour cette couche de la population.
La construction des immeubles, l’accès aux transports publics, l’embauche des personnes handicapées, etc. et bien d’autres aspects sont à prendre en compte pour ce qui nous concerne dans notre quotidien.
Encore une fois, un très grand bravo à Sanso !